Une idée en or blanc
Fabriquer du plastique naturel à la fois soluble dans l’eau et biodégradable : c’est le pari gagné par les fondateurs de Lactips. Cette start-up lyonnaise née en avril 2014 est installée depuis septembre au sein d’Axel’One, une plateforme d’innovation collaborative dédiée à la chimie et l’environnement. « L’idée a été développée notamment par Frédéric Prochazka, chercheur en chimie des matériaux, raconte Marie-Hélène Gramatikoff, co-fondatrice et présidente de Lactips. Dans son laboratoire de l’université de Saint-Étienne, il a travaillé dès 2006 à la fabrication de plastique à partir des protéines du lait. Grâce au procédé qu’il a inventé et breveté, on transforme la caséine en granulés de matière plastique. » Ceux-ci peuvent être utilisés par toutes les technologies des matières plastiques : films, capsules, matériaux thermoformés…
Un plastique écologique
Le principal avantage de la protéine du lait ? Elle produit un matériau respectueux de l’environnement. Les matières plastiques sont en effet habituellement issues à 95 % du pétrole. Seules 5 % d’entre elles sont biosourcées, c’est-à-dire dérivées de matières renouvelables végétales ou animales. L’innovation de Lactips fait partie du deuxième groupe. « Au toucher, on a l’impression que c’est du plastique normal et courant, mais en réalité, il est totalement hydrosoluble et surtout biodégradable, poursuit Marie-Hélène Gramatikoff. L’alcool polyvinylique, utilisé par exemple pour envelopper les sachets doses de lessive en poudre, est lui aussi soluble dans l’eau mais il atteint les nappes phréatiques. Au contraire, le matériau plastique de Lactips est non polluant. Il est même compostable : les bébêtes l’adorent ! »
Pour quelles applications ?
Du côté de l’industrie, les granulés de plastique issus des protéines du lait peuvent donner vie à une multitude de possibilités. En résumé, n’importe quel produit comportant du plastique hydrosoluble est potentiellement concerné. Certaines idées sont déjà opérationnelles, d’autres doivent être concrétisées. L’un des premiers objectifs de la start-up est de remplacer des produits qui existent déjà, mais sans leur côté polluant. « On a par exemple fabriqué un film pour emballer les dosettes de lessive ou de détergent pour lave-vaisselle », se réjouit Marie-Hélène Gramatikoff. À terme, Lactips proposera également des emballages alimentaires intelligents et comestibles, comme des sachets de thé, de chocolat, de sucre ou de sirop qui fondront au contact de l’eau ou du lait. « Dans la mesure où nous utilisons des matières premières comestibles, il n’y a rien d’étonnant à manger nos plastiques ! », conclut celle qui espère commercialiser ces conditionnements révolutionnaires dès 2017. De belles perspectives pour les consommateurs, la planète et l’économie laitière !