Matière grasse et santé cardiovasculaire, une nouvelle étude signée INRA

Publié le 19.07.2019 , mis à jour le 25.10.2022

Certaines matières grasses issues des produits laitiers pourraient diminuer le risque cardiovasculaire chez les femmes ménopausées en surpoids. Une étude française (INRA) publiée dans la revue scientifique Gut en juin 2019 dévoile ce constat et apporte un éclairage sur les mécanismes impliqués.

verre de lait, tartine et fruits

verre de lait, tartine et fruits . © Creative Studio

Les produits laitiers non écrémés se révèlent chaque jour, plus intéressants

D’une part, les revues d’études scientifiques montrent que, consommés régulièrement en quantité raisonnable, ils n’augmentent pas le risque cardiovasculaire. Un fait étonnant, puisque les graisses majoritairement présentes dans les produits laitiers (les acides gras saturés) ont tendance à augmenter le risque cardiovasculaire lorsqu’elles sont apportées par certains autres aliments.

D’autre part, certaines graisses présentes habituellement en faible quantité dans les produits laitiers pourraient contribuer à maintenir une bonne santé cardiovasculaire.

Les produits laitiers contiennent des graisses spécifiques

Les produits laitiers non écrémés (lait, yaourt, fromages…) et la crème contiennent de petites quantités de graisses particulières, appelées « lipides polaires ». Le liquide qui subsiste après transformation de la crème en beurre, appelé « babeurre », en contient quant à lui trois à six fois plus que le lait entier.

Des travaux scientifiques sur modèle animal avaient montré que ces lipides polaires avaient un effet bénéfique sur la régulation du taux de cholestérol dans le sang. La nouvelle étude INRA de juin 2019 a testé l’impact de ces lipides polaires chez l’être humain, plus précisément chez des femmes ménopausées en surpoids. Ces dernières présentent un risque cardiovasculaire augmenté car la ménopause stoppe la production d’hormones protectrices.

Dans l’étude, certaines femmes ont intégré dans leur alimentation pendant un mois un fromage à tartiner expérimental, particulièrement enrichi en lipides polaires laitiers grâce à l’incorporation de babeurre concentré.

Des facteurs de risques cardiovasculaires sont diminués

« Nous avons obtenu des résultats au-delà de nos espérances, confie Marie-Caroline Michalski, coordinatrice de cette étude. Les lipides polaires laitiers incorporés dans les fromages à tartiner ont nettement amélioré le profil de santé cardiovasculaire de ces femmes ménopausées. Nous avons observé au bout de quatre semaines une réduction significative des taux de cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol), de triglycérides (dont l’excès sanguin est néfaste) et de nombreux autres facteurs qui perturbent la santé cardiovasculaire. »

Des travaux complémentaires ont montré que ces lipides polaires laitiers auraient la faculté de s’associer au cholestérol présent dans le tube digestif pour former un complexe, qui n’est pas absorbé par l’intestin humain et qui est donc éliminé dans les selles.

«Cette étude nous encourage à vérifier qu’il pourrait être intéressant sur le long terme de consommer régulièrement des produits laitiers non écrémés (par exemple, des yaourts au lait entier plutôt qu’allégés).»

Marie-Caroline Michalski Directrice de recherche INRA

L’équilibre alimentaire est important

Ces travaux prometteurs vont bien sûr être déclinés chez d’autres populations qui présentent un risque cardiovasculaire, pour confirmer leur rôle potentiel dans la prévention nutritionnelle globale. Des ingrédients riches en lipides polaires laitiers, comme le babeurre concentré, pourraient alors être utilisés plus fréquemment par les fabricants agroalimentaires comme alternatives avantageuses à certains additifs, en tant qu’agents naturels à la fois texturants et protecteurs pour la santé.

De plus, « cette étude nous encourage à vérifier qu’il pourrait être intéressant sur le long terme de consommer régulièrement des produits laitiers non écrémés (par exemple, des yaourts au lait entier plutôt qu’allégés). Et ce, pour bénéficier d’un apport de lipides polaires laitiers pouvant être protecteurs pour la santé cardiovasculaire », précise Marie-Caroline Michalski. De tels travaux apportent de nouveaux éléments sur les bienfaits des produits laitiers intégrés dans une diversité alimentaire quotidienne équilibrée (légumes, fruits, céréales, viandes, poissons, huiles végétales variées…), comme le conseillent les professionnels de la nutrition depuis plusieurs décennies.

Transparence ! Voici nos sources...

  • Entretien avec Marie-Caroline Michalski, directrice de recherche INRA à l’unité Cardiovasculaire, Métabolisme, Diabétologie et Nutrition (CarMeN, Université Lyon-1, INRA, Inserm, Insa de Lyon), coordinatrice du projet ANR VALOBAB (2012-2016), juin 2019.
  • Vors C. et al, Milk polar lipids reduce lipid cardiovascular risk factors in overweight postmenopausal women: towards a gut sphingomyelin-cholesterol interplay, Gut, 2019. http://dx.doi.org/10.1136/gutjnl-2018-318155.

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