Naturel veut-il dire peu transformé ?

Publié le 09.09.2019 , mis à jour le 26.10.2022

Nous avons posé la question à Louis Mathiot, sociologue de l’alimentation et maître de conférences à l’Université Paris-Nanterre. 

 

Avec lui, nous avons exploré la notion de naturel dans l’alimentation : quels produits portent ces valeurs, comment est-elle perçue par les consommateurs et quel est l’impact de ces représentations sur la consommation ? Éléments de réponse…

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« Naturel » et « peu transformé » : ces deux termes ont-ils la même signification ?

 

Il est difficile de donner une définition du naturel susceptible de convenir à l’ensemble des consommateurs. Mais les enquêtes réalisées auprès des consommateurs nous permettent de nous retrouver sur quelques points. 

 

En réalité, il faut penser la notion de naturel par rapport à une échelle de la naturalité liée au degré d’intervention humaine, au respect du produit de base et aux pratiques alimentaires individuelles. 

 

Si « naturel » et « peu transformé » n’ont pas la même signification, en revanche ils ont un lien étroit : un grand nombre de produits peu transformés peuvent être considérés comme des produits naturels. 

 

Ainsi les produits laitiers comme les yaourts ou le fromage ont subi des transformations (pasteurisation, affinage…), mais restent des produits naturels dans l’esprit des consommateurs, car il n’y a pas eu de transformation dite culinaire comme il peut y avoir pour les plats cuisinés par exemple, qui sont souvent cités comme aux antipodes de produits jugés naturels. 

 

Selon vous, quels sont justement les produits qui portent les valeurs du naturel ?

 

Si l’on demande à des consommateurs de citer spontanément un produit naturel, les occurrences sont avant tout « le végétal ». Viendront ensuite des produits comme le miel, les produits laitiers et en dernier lieu les produits carnés

 

Les notions de proximité et de confiance interviennent dans ces choix. 

 

Lorsque l’on achète un miel artisanal récolté par l’apiculteur, la proximité tient à l’imaginaire : chacun peut s’imaginer le procédé de fabrication, visualiser les ruches, les abeilles, l’apiculteur, son local… Tous ces éléments font que l’on accorde sa confiance au produit. 

 

La vision du naturel va également être fonction des pratiques alimentaires d’un individu et de la façon dont il se considère en tant qu’être humain. Un végétarien va considérer les produits carnés comme non-naturels dans la mesure où, selon lui, l’être humain n’a pas besoin de manger de la viande. Il va alors privilégier les apports en protéines issus des végétaux et des sous-produits animaux comme les oeufs ou les produits laitiers.

 

Ces représentations ont-elles un impact sur notre façon de consommer ?

 

Oui, et on voit que la tendance actuelle majoritaire consiste à rechercher davantage de naturalité dans son alimentation. 

 

Pour cela, les consommateurs vont essayer d’ajuster leur type de consommation en fonction de la représentation du naturel qu’ils ont dans l’alimentation. Cependant être en conformité avec sa représentation idéale du produit représente un coût économique, mais aussi un coût en termes de temps passé à s’approvisionner dans différents lieux pour collecter des produits bios en circuits courts ou des produits artisanaux. 

 

Il est alors question d’arbitrages, de choix construits pour faire au plus proche de ces représentations de la naturalité.

 

En fait, en matière d’alimentation, nos représentations sont finalement rarement en parfaite adéquation avec nos consommations alimentaires.

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