Les 1000 premiers jours de l’enfant, une période importante : Entretien

Publié le 28.10.2020 , mis à jour le 27.10.2022

On va pas en faire un fromage

Par On va pas en faire un fromage

Etre parent, un jeu d'enfant !?

Dans les nouveaux épisodes des podcasts sur l’alimentation des enfants « On va pas en faire un fromage » sur Chérie FM, Catherine Bourron-Normand, diététicienne spécialisée en pédiatrie, intervient sur les spécificités de l’alimentation pendant la grossesse ? et sur les questions autour de l’alimentation des jeunes enfants. Rencontre !

Femme enceinte avec sa famille

. ©New Africa

Lait'quilibre :

Pourriez-vous vous présenter ?

Catherine Bourron-Normand :

J’ai été diététicienne hospitalière en pédiatrie pendant 18 ans. Par la suite, je me suis installée en libéral en activité pédiatrique dans un centre. En parallèle, j’ai ouvert un autre cabinet où j’ai une activité à la fois de pédiatrie et une activité autour des futures mamans et des femmes qui allaitent. ?

Lait'quilibre :

La grossesse et la petite enfance sont deux périodes dans la vie où l’alimentation est extrêmement importante, pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?

Catherine Bourron-Normand :

Je pense que ce sont des périodes clés de la vie. Par rapport à la grossesse, ça impacte directement la santé de la maman et la santé du futur bébé. C’est un moment, surtout pour un premier enfant, où les parents ont envie de faire au mieux pour leur enfant dans tous les domaines. Pour les enfants, c’est aussi une période de vulnérabilité où ils sont fragiles et vont avoir besoin des meilleurs apports nutritionnels pour se développer harmonieusement.

93 % des parents disent ne pas savoir comment nourrir leur enfant. ?‍

Catherine Bourron-Normand Diététicienne
Lait'quilibre :

Quelles seraient vos préconisations nutritionnelles pour la grossesse ?

Catherine Bourron-Normand :

Je dirais de réfléchir à un rééquilibrage de l’alimentation. 93 % des parents disent ne pas savoir comment nourrir leur enfant. Aujourd’hui, c’est un peu la cacophonie alimentaire, aussi bien pour les adultes, les futures mamans, les enfants, etc. Le mieux est de se faire aider par les professionnels (sages-femmes, gynécologues…) en n’hésitant pas à leur poser des questions. Le plus important est d’essayer d’être au plus près des besoins du bébé : afin d’éviter, par exemple, une trop forte ou trop faible prise de poids, des carences en fer, etc. Par ailleurs, pour toutes les femmes qui ne sont pas immunisées contre la toxoplasmose, il y a des préconisations concernant le lavage des légumes, le nettoyage du frigo. Ces précautions sont très importantes. Toutes les mamans doivent faire attention à la listériose et donc être vigilantes quant aux produits achetés, en particulier lorsqu’ils sont consommés crus.

Lait'quilibre :

Dans l’épisode d’ “On va pas en faire un fromage”, spécial femme enceinte, vous faites référence aux 1000 jours. Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Catherine Bourron-Normand :

Les 1000 jours, c’est la période qui correspond au quatrième mois de grossesse jusqu’au 2 ans de l’enfant. Des études montrent que dans cette période, le bébé se construit non seulement grâce à l’alimentation mais aussi par le biais des interactions qui se tissent avec leurs parents. Si l’on s’intéresse au cerveau du bébé, son développement est optimal ! Les 1000 jours représentent donc une véritable période de vulnérabilité, aussi bien pour la maman que pour l’enfant. D’où l’importance, en plus de l’alimentation et de l’hydratation, de considérer les produits toxiques (pollution, cosmétiques…) pour les éviter. Soulignons également l’effet protecteur d’un environnement social et familial soutenant. Le but du défi des 1000 jours est donc de faire de la prévention précoce en guidant les parents. L’objectif ? Que l’enfant et ses parents puissent vivre une période sereine avec un équilibre physique et psychologique.

Maman et bébé
Lait'quilibre :

Pour vous, quand et comment commencer la diversification alimentaire chez l’enfant ?

Catherine Bourron-Normand :

Les experts nous disent qu’elle doit avoir lieu entre 4 mois révolus et 6 mois révolus. Sachant que « diversification alimentaire » signifie donner autre chose que du lait, en petites quantités. Au début, le lait, et avant tout le lait maternel, gardera toujours la priorité par rapport aux autres aliments, du moins sur cette période. Ça va être plus pour sensibiliser l’enfant aux différents goûts et être aussi une fenêtre d’introduction intéressante dans le cadre de la prévention des allergies. On va proposer des fruits et légumes, des matières grasses, des féculents (la pomme de terre en particulier), de la viande, du poisson et des œufs. Et petit à petit, c’est tout un éveil sensoriel qui va se jouer à table !

Lait'quilibre :

Dernièrement, remarquez-vous des comportements particuliers chez les enfants ?

Catherine Bourron-Normand :

Par exemple, sur ma journée de consultations d’hier, je n’ai vu que des enfants en cassure de poids et taille : du petit de 13 mois au grand de 15 ans. Ce que l’on constate beaucoup aujourd’hui, c’est soit une application trop rigoureuse des règles nutritionnelles et donc, des messages du PNNS (Programme National Nutrition Santé) : « éviter de manger trop gras, trop salé, trop sucré » suivis à la lettre. Ainsi, certains parents ne vont pas mettre de beurre ou d’huile dans la purée de leur enfant, ou limiter les féculents, ou encore penser qu’il ne faut pas donner de produits laitiers. Finalement, la problématique éducative des parents est comme pour l’équilibre alimentaire, trouver le juste milieu « ni trop ni trop peu », qu’il s’agisse d’enfants souffrant de surpoids ou d’obésité ou en sous-poids voire en dénutrition, l’objectif visé pour bien se nourrir au cours des 4 repas quotidiens est d’inciter parents et enfants à se fier plus aux sensations du corps -la faim et la satiété- qu’à des principes diététiques.

Lait'quilibre :

93 % des parents disent ne pas savoir comment nourrir leur enfant, quels conseils leur donneriez-vous ?

Catherine Bourron-Normand :

Nos grands-parents avaient des repères infaillibles : ils savaient quelle était l’assiette d’un adulte, celle d’un jeune enfant ou encore celle d’un adolescent. Aujourd’hui, on a des enfants de 15 ans qui ont des cassures de poids parce qu’ils mangent comme des enfants de 6 ans et à l’inverse, des enfants de 6 ans qui mangent comme des enfants de 10 ans. Il est fondamental de ne pas diaboliser certains aliments. On peut manger de tout, mais pas tout le temps, ni tous les jours les mêmes plats ! Par exemple, ce n’est pas parce qu’on ne prend pas de bonbons ou de boissons sucrées, qu’on ne peut pas manger déséquilibré ou trop. Apprenons à manger ensemble le plus souvent possible en adaptant les portions alimentaires à la corpulence, l’âge, l’appétit et l’activité physique de chacun ! ?

Portrait

Catherine Bourron-Normand

Diététicienne

Spécialisée en pédiatrie, elle exerce en libéral auprès des femmes enceintes, des enfants et adolescents. Elle intervient sur la deuxième saison des podcasts « On va pas en faire un fromage », diffusés sur Chérie FM.

? Podcasts "On va pas en faire un fromage" (saison 2)

Découvrez sur Chérie FM, l'épisode n°4 spécial alimentation de la femme enceinte animé par Emilie Albertini, avec Catherine Bourron-Normand, diététicienne et Anne Aubert.

Écoutez le podcast

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