Les risques du régime végétalien chez les enfants et les adolescents

Publié le 23.09.2019 , mis à jour le 26.10.2022

Le végétalisme n’est pas adapté pour couvrir les besoins nutritionnels élevés pendant la croissance des enfants et des adolescents. Explications du Pr. Patrick Tounian, Chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l’Hôpital Trousseau (Paris).

vegetalisme enfants

. © yanadjan

Un sujet très médiatisé

Certains parents végétaliens ont tendance à nourrir leurs enfants selon leur propre modèle alimentaire.
De plus en plus d’enfants et d’adolescents sont tentés de s’orienter vers le végétalisme. Leurs principales motivations sont la volonté de ne pas faire de mal aux animaux et des considérations environnementales. Les reportages sur les abattoirs, la promotion des repas végétariens à l’école ou la prise de position de certaines « stars » sont parmi les principales causes de cet engouement.

Pourtant, comme le pointe du doigt le Professeur Patrick Tounian* : « Si la préservation du bien-être animal est un sentiment louable, l’intérêt d’une alimentation végétalienne sur la protection de l’environnement ne repose sur aucune base scientifique solide. »

Et cette alimentation offre plus d’inconvénients que d’avantages pour la santé humaine. Il faut savoir qu’une personne végétalienne ne consomme aucun aliment d’origine animale. Sont donc absents de l’assiette les viandes, les poissons, les fruits de mer, les charcuteries, mais aussi les œufs, les produits laitiers et même le miel.

De nombreuses carences nutritionnelles

Une alimentation strictement végétalienne conduit forcément à des carences, dont les enfants et les adolescents pourront subir les conséquences aussi bien au court qu’au long termes. Les carences à craindre sont celles en fer, en calcium, en vitamine D, en vitamine B12 et en DHA (une graisse très importante). Les adolescents végétaliens consomment par exemple deux fois moins de calcium et de vitamine D que les autres adolescents.

Comme l’explique le Professeur Tounian : « Les conséquences de ces carences sont principalement neurologiques (retard intellectuel, troubles psychiatriques, séquelles neurologiques) et osseuses (augmentation du risque de fracture). »

Il estime qu’il est donc temps de tirer une sonnette d’alarme : « Des mesures institutionnelles devraient être mises en place pour informer le grand public du danger du végétalisme médicalement non surveillé chez l’enfant et l’adolescent, et pour interdire sa promotion dans les établissements scolaires. »

Un accompagnement médical nécessaire

Les personnes qui, malgré les risques, souhaitent nourrir leurs enfants selon le modèle végétalien doivent être accompagnées médicalement. Les conseils et prescriptions nutritionnelles doivent se faire sur mesure en fonction des habitudes de vie, de l’historique familial de santé, du statut nutritionnel et staturo-pondéral de l’enfant etc.

Les parents qui ne souhaitent pas donner à leurs tout-petits de préparations infantiles à base de lait de vache peuvent uniquement se tourner vers les préparations infantiles à base de protéines de riz. Les boissons et « laits » végétaux, y compris ceux à base de riz, ne sont quant à eux pas adaptés aux besoins de l’enfant.

Pour les plus grands, le Professeur Tounian précise que « la prescription de compléments nutritionnels (fer, calcium, vitamine D, vitamine B12, DHA, selon les cas) et un suivi biologique sont indispensables pour prévenir la survenue de carences nutritionnelles. »

 

A savoir

Une personne végétalienne ne consomme aucun aliment d’origine animale. Sont donc absents de son assiette les viandes, les poissons, les fruits de mer, les charcuteries, mais aussi les œufs, les produits laitiers et même le miel.

L’Homme est physiologiquement omnivore et il a besoin de piocher chaque jour dans tous les groupes alimentaires pour couvrir ses besoins nutritionnels. En effet, aucune famille d’aliments n’apporte à elle seule toutes les substances nutritionnelles (protéines, graisses, fibres, vitamines, minéraux…) nécessaires au bon fonctionnement du corps humain. Les adultes qui suppriment des groupes alimentaires s’exposent donc à des déficiences. Un phénomène qui touche désormais certains enfants et adolescents…

Transparence ! Voici nos sources...

  • Symposium Pédiatrie et Nutrition, « Les comportements alimentaires particuliers chez l’enfant et l’adolescent », 20 juin 2019, à l’occasion du Congrès Annuel de la Société Française de Pédiatrie, organisé par le Cniel
  • Entretien avec le Pr Patrick Tounian, juillet 2019.

Portrait

Professeur Patrick Tounian

Chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l’Hôpital Trousseau (Paris).

Il est également président de l’Association des Pédiatres de Langue Française, et l’auteur de nombreux livres et publications scientifiques sur la nutrition et l’obésité de l’enfant et de l’adolescent.

 

Les jus végétaux : rien à voir avec le lait ! Dénouer le Vrai du Faux

Lire l'article

On ne s’improvise pas végétarien

Lire l'article

Régimes végétalien et sans gluten : quelle compatibilité avec le sport ?

Lire l'article

Partager cet article

Mots clés

Sur le même thème

Les alertes

Abonnez-vous aux notifications pour etre alerte des qu’un article est publie sur notre site