Que veut dire… tyrosémiophile ?

Publié le 12.10.2016 , mis à jour le 25.10.2022

Une petite exploration de l’univers passionnant des tyrosémiophiles, les collectionneurs d’étiquettes de fromages.

Non, un tyrosémiophile n’est pas un amoureux des éclats de tyrosine qui parsèment les comtés bien affinés ! Il s’agit en réalité d’un collectionneur d’étiquettes de fromage mais bien entendu, l’un n’empêche pas l’autre.

La tyrosémiophilie, collection des gastronomes

Le mot tyrosémiophile vient du grec ancien turós (fromage), sême?on (signe, marque distinctive, par extension image) et phílos (ami, amateur). Il désigne les collectionneurs d’objets d’un genre bien particulier : les étiquettes de fromage. Apparues à la fin du XIXe siècle, celles-ci sont souvent, en effet, de véritables petits chefs d’œuvre illustrant des thèmes variés : vie rurale, fromageries et vaches bien sûr, mais aussi progrès techniques, actualités politiques, personnages et événements historiques, contes, moines, monuments ou même animaux exotiques.

Leurs objectifs ? Donner des informations sur l’origine du produit et surtout attirer le regard des consommateurs dans un marché concurrentiel. Dans son livre Le camembert, un mythe français (Odile Jacob), Pierre Boisard insiste sur leur influence au début du XXe siècle, « difficilement imaginable aujourd’hui dans notre environnement saturé d’images. (…) L’étiquette est avec l’image religieuse une des rares images colorées à pénétrer dans les foyers ruraux. Il n’est donc pas étonnant qu’elle joue un grand rôle dans le choix d’un fromage et qu’il lui arrive même de primer sur sa réputation. » Un constat qui ferait rêver les publicitaires contemporains !

Les étiquettes de fromage, témoins de l’histoire

Loin de se cantonner à un simple logo, les étiquettes de fromage anciennes témoignent d’un temps où les petites fromageries indépendantes étaient nombreuses et variées sur le territoire français. « Elles racontent parfois des tranches de vie incroyables, s’enthousiasme Alain Cruchet, président du Club Tyrosémiophile de France. Par exemple, je me suis penché sur les étiquettes de l’ancienne Fromagerie de l’Étoile, dans L’Oise. Son fondateur avait ouvert une unité de production près de New York par opportunité commerciale, mais aussi pour se libérer de l’emprise de sa femme ! Les illustrations des étiquettes étaient souvent les mêmes pour les deux fromageries, et il en avait fait fabriquer une rendant hommage à ses amis de l’hôtel Lafayette de New York. »

Les étiquettes permettent aussi d’observer des pans entiers de l’histoire de la France, comme l’évolution des moyens de transport (de la charrette aux véhicules motorisés) ou les grandes phases de l’imaginaire colonial. « Au tout début du XXe siècle, alors que les safaris étaient à la mode dans les colonies, les boîtes de fromage s’ornaient de tigres, de lions ou d’éléphants », raconte ainsi Alain Cruchet.

Quand la Première Guerre mondiale éclate, les étiquettes participent à l’élan patriotique qui traverse le pays à grand renfort d’illustrations prévoyant la victoire ou représentant les Poilus. À quand une thèse universitaire sur l’histoire des étiquettes de fromage en France ?

 

Pour se mettre à la tyrosémiophilie :

Le tyrosémiophile : www.letyrosemiophile.com
Le Club Tyrosémiophile de France (C.T.F.) : www.club-tyrosemiophile.fr
Camembert Museum : www.camembert-museum.com

 

Crédit photo : fromage 12 par patricia m via Flickr (CC BY-SA 2.0).

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