Loïc Berger : « Le sportif est mal informé »

Publié le 15.11.2019 , mis à jour le 27.10.2022

Ancien sportif de haut niveau, Loïc Berger s’est reconverti diététicien du sport il y a maintenant plus d’un an. En plus de suivre des athlètes, ce passionné est également investi dans SPORT Protect, entreprise participant au label des produits de l’effort et participant à la lutte contre le dopage. Entretien.

sportif avec de la whey

. © Syda productions

Milk and move :

Est-ce que vous observez une croissance dans la consommation des produits alimentaires pour sportifs ces dernières années ?

Loïc Berger :

Oui, il y a une croissance de la consommation, accompagnée d’un essor au niveau marketing de la nutrition du sport, avec une multiplication des références, des produits, de nouveautés. Il faut se tenir à la page car le cadre juridique évolue sans cesse. C’est important de faire une veille active, et de s’intéresser à ce sujet.

Milk and move :

Savez-vous expliquer ce succès ?

Loïc Berger :

Je pense qu’il y a une certaine prise de conscience des sportifs de l’importance de l’alimentation, et une professionnalisation du sport plus grande qu’avant. S’il y a un essor concernant le marché de la nutrition sportive, c’est qu’il y a un essor du sport en général, avec des pratiques qui se démocratisent et se développent comme la course à pied et les sports d’endurance. Les sportifs s’intéressent aux différents facteurs pouvant améliorer leurs performances, et ça explique cet essor.

Milk and move :

Comment classe-t-on ces produits pour sportifs ?

Loïc Berger :

Il existe deux catégories de denrées : les compléments alimentaires et les denrées alimentaires spécifiques. Les compléments alimentaires ont vocation à compléter une alimentation normale, et sont des concentrés de nutriments et d’autres substances. On les retrouve sous forme de gélules, de pastilles ou de comprimés, formulés pour répondre aux besoins du consommateur lambda. A côté de ça, il y a les denrées spécifiques, qui vont être les produits hyperprotéïnés par exemple, conçues pour répondre aux besoins d’une activité sportive.

Milk and move :

Est-ce qu’on retrouve des produits laitiers dans ces compléments alimentaires ?

Loïc Berger :

Il faut savoir que la « WHEY » utilisée par les sportifs est constituée de protéines de petit lait. On va donc y retrouver des produits laitiers, oui.

Milk and move :

Dès la conception du produit, on pense à son utilisation pour le sport de haut niveau ?

Loïc Berger :

Oui, mais les sportifs de haut niveau peuvent utiliser ces denrées spécifiques, et également utiliser les compléments alimentaires destinés au consommateur lambda. Ensuite il faut savoir que pour le sportif, 70% à 80% des cas de dopage sont des cas de dopage involontaire. Le problème c’est qu’on est face à un phénomène où le sportif est mal informé, et on se retrouve avec des cas de dopage involontaire.

Milk and move :

Quels produits sont donc « sans risque » de dopage pour le sportif ?

Loïc Berger :

En fait, il y a une liste de substances interdites. Les ingrédients des compléments alimentaires sont constitués de molécules. Quand on lit l’étiquette d’un produit, donc sa liste d’ingrédients, il faut ensuite aller consulter cette liste des produits interdits, disponible sur le site de SPORT Protect notamment.

Milk and move :

Comment se passe une certification d’un produit ?

Loïc Berger :

En France, il n’y a pas de processus de certification officielle au niveau de la réglementation. Avec SPORT Protect, on est le seul label de certification indépendant en France. Les marques sportives nous contactent et on leur montre que ces certifications vont leur apporter du crédit et une certaine sécurité pour pouvoir vendre le produit par la suite.

Milk and move :

Observez-vous des dérives avec ces compléments alimentaires ?

Loïc Berger :

Oui, car à la base ils sont là pour complémenter une alimentation, une carence, un manque. Mais on peut vite tomber dans l’abus en prenant des cocktails de vitamines. Il y a ensuite des répercutions au niveau physiologique, au niveau de la santé. Il y a aussi une dérive consistant à privilégier les gélules plutôt qu’une alimentation solide, alors que l’alimentation solide doit être privilégiée. On s’est également aperçus que seulement 35% environ de ces consommations de produits étaient issues des conseils de médecins ou diététiciens. Ce qui peut avoir un impact sur la santé aussi. C’est essentiel de se faire suivre, car le risque est de tomber dans la complémentation, c’est-à-dire ajouter à la place de quelque chose, au lieu d’ajouter en plus de quelque chose.

Milk and move :

Comment bien choisir ses compléments alimentaires ?

Loïc Berger :

Le problème souvent est que le sportif est mal accompagné. Il faut se renseigner avant tout, et se tourner vers un professionnel de la santé. Puis il faut faire attention à la certification. SPORT Protect tente de proposer une application appelée « Scan protect ». Vous scannez le produit et avez un feu vert, orange ou rouge pour savoir ce que vous pouvez consommer ou non.

Milk and move :

Quelles sont les perspectives d’amélioration de ces compléments alimentaires ?

Loïc Berger :

Une meilleure transparence dans la nutrition sportive, et une réflexion sur l’aspect préventif dans le milieu sportif. Il faudrait aussi une amélioration au niveau des normes nationales d’un côté et internationales de l’autre, car il y a un vrai décalage. Aller vers une harmonisation des normes serait une bonne chose.

 

 

Régimes végétalien et sans gluten : quelle compatibilité avec le sport ?

Lire l'article

Sport, système immunitaire et vitamine D : des liens étroits

Lire l'article

Sport et lait, une alliance bénéfique !

Lire l'article

Partager cet article

Mots clés

Sur le même thème

Les alertes

Abonnez-vous aux notifications pour etre alerte des qu’un article est publie sur notre site