Bénéficiant d’une AOC depuis 1958 et d’une AOP depuis 1996, ce fromage à pâte pressée non cuite, de fabrication fermière ou laitière, joue les accords classiques et insolites.
Un fromage issu d’une ruse fiscale !
Fromage ancien et emblématique des Alpes, le reblochon serait né au XIIIe siècle dans le pays de Thônes, en Haute-Savoie. Son nom vient du savoyard « blocher », qui signifie « pincer le pis de la vache », autrement dit la traire. Autrefois, en effet, les fermiers devaient donner aux seigneurs et moines une redevance, calculée d’après la quantité de lait produite sur une journée. Le jour où les propriétaires ou leurs contrôleurs venaient à l’alpage pour mesurer la traite et récupérer leur dû, les fermiers pratiquaient une traite incomplète. Ainsi, la proportion à donner était moindre ! Après le départ du visiteur, ils « re-blochaient » et, avec le lait issu de cette seconde traite, plus gras et crémeux que le premier, ils élaboraient le reblochon.
Celui-ci est aujourd’hui indissociable de la tartiflette, mais, pour une dégustation plus traditionnelle, c’est en été qu’il révèle le meilleur de son potentiel. Sous sa croûte rose orangée, couverte d’une fine mousse blanche, il offre une pâte moelleuse et soyeuse en bouche, au savoureux goût de lait frais, de crème et de noisette.
Quel pain pour le reblochon ?
Le pain au levain s’accorde idéalement avec le reblochon. Son parfum de froment et sa touche d’acidité prolongent le plaisir du fromage en rehaussant ses discrets arômes de fruit sec : un véritable accord en ton-sur-ton qui ajoute de l’intensité à la dégustation.
Pour un mariage plus audacieux, le croquant de la croûte et le croustillant des graines grillées d’une baguette au sésame contrastent avec la texture crémeuse du reblochon, tout en jouant sur des saveurs complémentaires.
À éviter : les pains gourmands aux fruits secs ou séchés, dont les saveurs marquées écrasent les notes subtiles du fromage, ainsi que le pain de seigle, aux arômes trop prononcés.
Et en guise de boisson ?
Pour les amateurs d’accords entre vin et fromage, le reblochon se plaît beaucoup avec les rouges fruités, par exemple un Bouzy rouge (Côteaux champenois) ou un Chautagne rouge (vin de Savoie). Grâce à la qualité de leurs cépages Pinot noir pour l’un, Gamay pour l’autre , ceux-ci s’harmonisent avec le fromage par leur rondeur, leur tannins souples et leur fruité très expressif.
Autre accord idéal : celui qui unit le reblochon avec une bière bitter, telle la Sorachi Ace Bitter de la brasserie du Mont Salève, en Haute-Savoie. Légère en alcool, fortement houblonnée, avec des flaveurs fruitées et une amertume intense, elle tranche avec la texture fondante du reblochon pour un accord de terroir et de contraste saisissant.
Enfin, pour une dégustation plus insolite, pourquoi ne pas essayer une Lager brune, par exemple une Pelforth brune ? Élaborée dans le Nord de la France, cette bière douce, à la texture onctueuse et aux notes grillées, s’oppose agréablement à la texture fondante du reblochon. L’ensemble forme une dégustation harmonieuse mais pleine de caractère.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.