Enfant petit mangeur ou difficile : Les conseils d’une diététicienne

Publié le 10.02.2023 , mis à jour le 16.11.2023

On va pas en faire un fromage

Par On va pas en faire un fromage

Etre parent, un jeu d'enfant !?

25 à 45 % des parents décrivent avoir déjà eu des difficultés alimentaires avec leur jeune enfant, qu’il s’agisse de « gros mangeur » ou de « petits mangeurs ». Dans l’épisode 2 de la saison 4 des podcasts « On va pas en faire un fromage » consacré aux petits mangeurs, Gaëlle Lamoureux et Betty Ban Aken expriment leurs ressentis en tant que mamans d’enfants à petit appétit. Elles détaillent leurs parcours et astuces de parents dans cette situation délicate. Manon Javalet, diététicienne spécialisée en pédiatrie et invitée du podcast, nous éclaire sur cette situation souvent source d’inquiétude pour les parents avec des conseils pour affronter les repas difficiles des petits mangeurs.

Enfant qui ne veut pas manger

.ShunTerra

Les Produits Laitiers :

Manon Javalet, vous êtes diététicienne spécialisée en pédiatrie, pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste votre activité professionnelle ?

Manon Javalet :

J’exerce principalement à l’hôpital Trousseau à Paris dans le service de Nutrition Gastroentérologie Pédiatriques du Pr Tounian. Je prends en charge des enfants hospitalisés de 0 à 18 ans nécessitant une nutrition spécifique, déterminée par leur (s) pathologie(s).

En complément de mon activité hospitalière, j’exerce depuis peu en libéral en téléconsultations. Ces consultations sont destinées uniquement à la pédiatrie en cas de mauvaise prise pondérale, de petits mangeurs, d’allergies ou d’intolérances alimentaires, de troubles de l’oralité, ou encore par exemple, en cas de régimes exposant à des risques de carences s’ils sont mal conduits, comme le végétarisme.

Parallèlement je donne des cours sur la nutrition pédiatrique aux étudiants médicaux et paramédicaux.

PL :

Quand on parle de « petits mangeurs », pour vous concrètement comment cela se caractérise ?

MJ :

La plupart des enfants « petits mangeurs » ont un appétit diminué, adapté à leur corpulence.

Ces petits mangeurs ne vont alors que rarement dévorer et vont avoir tendance à manger de petites, voire toutes petites quantités. Il est courant que leur panel alimentaire soit restreint et qu’ils veuillent manger souvent la même chose.

Ce manque d’appétit inquiète l’entourage. Ce sont des enfants souvent minces et ils peuvent manger différemment d’un jour à l’autre. Ceci crée un grand désarroi pour ces parents et peut troubler la vie familiale, voire sociale. Pourtant ces enfants sont en grande forme et grandissent !

PL :

 À quel moment les parents doivent-ils s’inquiéter et consulter ?

MJ :

Le critère majeur, c’est la croissance. En se référant aux courbes de taille et de poids du carnet de santé de l’enfant, le pédiatre jugera si c’est préoccupant ou pas, mais heureusement la plupart du temps il n’y a pas d’inquiétude à avoir si l’enfant a toujours eu ce comportement alimentaire et que les croissances de poids et de taille restent régulières.

Si l’enfant conserve une bonne énergie physique et qu’il mange peu et presque toujours pareil, pas d’inquiétude ! En revanche, si l’enfant est fatigué, que son état général est altéré et qu’il perd ou ne prend pas de poids pendant une trop longue période, il est impératif de consulter le pédiatre. Il fera peut-être faire des examens et/ou orientera vers une diététicienne spécialisée en pédiatrie.

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PL :

Comment rassurer les parents ? Quels sont les pièges à éviter ?

MJ :

Malgré leurs appétits de moineau, ces enfants, la majorité du temps, ont la même énergie que les autres enfants de leur âge. Et malgré les faibles apports alimentaires et leur petit gabarit, ils sont en bonne santé. Culturellement la nourriture tient une grande place dans nos vies, c’est pourquoi il est souvent perçu comme problématique d’avoir un enfant qui ne « fait pas honneur » à la cuisine familiale. D’ailleurs les grands-parents et plus proches peuvent accentuer les doutes des parents face à un enfant qui rechigne à manger ce qu’on lui sert à table ou aux choix qu’on lui laisse. Il convient de relativiser et de souligner qu’il est important de respecter l’appétit de chacun et de le laisser manger en fonction de ses capacités, sans le forcer, sans ruser, ni faire du chantage ou jouer pour réussir à lui faire accepter de finir son assiette.

PL :

Concrètement, quels grands principes peuvent guider les parents ?

MJ :

L’idéal est de poser un cadre pour les repas, avec un rythme régulier : un petit-déjeuner, 2 repas principaux et un goûter. L’environnement du repas compte : l’ambiance, les rituels et le timing. Inutile de faire durer le repas, l’enfant ne mangera pas plus et risque au contraire de se lasser. Maximum 45 mn pour les repas principaux.

Proposer de petites quantités dans l’assiette, quitte à resservir l’enfant. Il arrive que certains enfants soient sélectifs et aient du mal à goûter de nouveaux aliments. Dans ce cas il ne faut pas hésiter à séparer les aliments dans l’assiette ou essayer les assiettes compartimentées afin que les aliments ne se touchent pas. On peut également essayer de proposer les aliments les uns après les autres.

L’idée est qu’il puisse faire connaissance avec ce qu’il considère comme intrus. L’acceptation passant par la vue, puis la prise en main, l’odeur avant d’être pouvoir être mis en bouche…et s’il tente de le goûter, il a le droit de picorer, voire de ne pas l’avaler si l’expérience n’est pas probante cette fois.

Je conseille d’éviter les collations proches des repas principaux qui impacteront l’appétit pour ces repas. Je déconseille les boissons sucrées avant ou pendant les repas qui limiteront aussi l’appétit et donc les prises alimentaires, l’eau restera en priorité la seule boisson quotidienne.

Enfin, il reste primordial de ne jamais forcer et contraindre l’enfant à manger, notamment au risque de provoquer des troubles du comportement alimentaire.

J’encourage les parents à moins focaliser sur le nombre de bouchées que consommera leur enfant, pour que l’enfant ne ressente pas de pression et de stress aux moments des repas.

PL :

Peut-on laisser l’enfant manger plusieurs desserts à la place du plat salé boudé ?

MJ :

Je conseille aux parents d’éviter de négocier ou de priver de dessert « tu y auras droit si tu finis ton assiette ». L’idée reste de procurer du plaisir à table. Un repas équilibré se compose généralement de 2 desserts : 1 produit laitier et 1 fruit (ou 1 compote). Dans la même conduite à tenir, c’est mieux d’éviter de proposer une farandole de desserts pour compenser une assiette boudée. A situations exceptionnelles, mesures exceptionnelles, il ne faut pas être trop strict, à toutes règles il y a des exceptions comme, par exemple, si l’enfant est malade, il ne serait pas étonnant que celui soit capable de ne manger qu’un repas sucré. Et bien sûr, aussi les jours de fête !

PL :

Et côté équilibre alimentaire, à quoi faut-il veiller ?

MJ :

La nature est bien faite, en général ces enfants se dirigent vers des aliments énergétiques, qui permettront de couvrir tout juste leurs besoins nutritionnels.

La priorité est de proposer une alimentation qui optimise les aliments nutritifs, soit les féculents, les viandes, poissons, œufs et les produits laitiers. Bien sûr on pensera à ajouter suffisamment de matières grasses (beurre, huiles…) dans les plats. Cela étonne souvent les parents qui sont préoccupés par le peu d’intérêt porté par leurs enfants aux légumes, voire même aux fruits. Pourtant il est logique qu’en mangeant peu, les enfants mangent plutôt des aliments riches en énergie.

J’encourage les parents à proposer le plus longtemps possible pour ces enfants « petits mangeurs » du lait de croissance, même après 3 ans pour éviter les carences notamment celle en fer, une carence très fréquente chez l’enfant.

Visionner le podcast complet de l’épisode numéro 2 sur les petits mangeurs :

Podcast "On ne va pas en faire un fromage" (saison 4)

Écoutez sur Chérie FM l'épisode n°2 avec Betty Van Aken et Gaëlle Lamoureux, sur le thème des enfants "petits mangeurs"

Ecouter le podcast

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