Même sans yaourtière, chacun d’entre nous se transforme de temps à autre en laiterie.
Le yaourt, bon à manger et bon à écouter
Dans Le dico des mots qui n’existent pas et qu’on utilise quand même (éd. Express Roularta), Olivier Talon et Gilles Vervisch donnent la définition suivante du joli néologisme « yaourter » : « chanter dans un galimatias approximatif dont le son rappelle plus ou moins celui de l’anglais. »
Fredonnements, syllabes, onomatopées… : tout est bon pour faire croire que l’on connaît les vraies paroles de la chanson ! Les auteurs précisent que l’expression « chanter en yaourt » est « née à l’époque des yéyés, qui chantaient parfois dans des sonorités évoquant approximativement l’anglais sans en être vraiment. »
Autrement dit, le chant en yaourt est une pratique incontournable pour tous ceux qui rêvassaient pendant les cours d’anglais, mais ne dédaignent pas de pousser la chansonnette in English sous leur douche ou au karaoké.
Démonstration impeccable avec Gad Elmaleh qui, en mars dernier, expliquait à un présentateur de télé américain hilare que, travaillant comme chanteur dans un piano-bar au début de sa carrière, il avait dû improviser un « yaourt » à la demande d’un client important :
Les adeptes du chant en yaourt peuvent toujours rétorquer aux brocardeurs que cet art illusionniste est aussi une véritable technique musicale : les Anglo-saxons eux-mêmes l’utilisent parfois pour trouver ou tester des mélodies.
Du yaourt au fromage
Ironie du sort : quand, il y a quelques années, la plate-forme de streaming musical Spotify a publié un classement des chansons les plus susceptibles d’être chantées en yaourt, c’est non pas le produit laitier ultra-frais qui s’est hissé au sommet du podium, mais le fromage.
La chanson d’Eurythmics remporte en effet le titre de la chanson la plus souvent fredonnée avec de mauvaises paroles grâce à cette phrase inoubliable : « Sweet dreams are made of cheeeese » au lieu de « Sweet dreams are made of this ». Ceci étant, comment blâmer ceux qui considèrent que les beaux rêves sont faits de fromage, puisque c’est la stricte vérité ?
On regrette en revanche l’oubli par Spotify d’une chanson cette fois brésilienne : « Essa moça tá diferente » de Chico Buarque. Les Français, hédonistes invétérés, détournent le texte original en roucoulant cet hommage au meilleur des gratins grecs : « Et sa moussaka différente. »
Bonne fête de la musique et… bon appétit !