Cyclisme : quelle nutrition pour un coureur ?

Publié le 01.10.2020 , mis à jour le 21.11.2023

Responsable nutrition chez Elior, Véronique Mourier s’est occupée des huit coureurs du Team Total Direct Energie durant les différentes courses de la saison sportive 2020. Elle a accepté de répondre à nos questions.

Véronique Mourier

. ©Véronique Mourier

Equipe 2 - Tour de France 2020
Milk & Move :

Pouvez-vous vous présenter ?

Véronique Mourier :

Je suis responsable nutrition pour Elior, dans le secteur sanitaire et médico-social où j’élabore des repas adaptés aux différentes pathologies de nos convives (personnes âgées, personnes en situation de handicap…). Elior a tissé un partenariat nutrition avec Total Direct Energie pour l’ensemble de la saison sportive. Total Direct Energie possède un « camion-nutrition » ?, équipé d’une cuisine et d’une salle à manger pour que les coureurs puissent s’y restaurer. En ce qui me concerne, j’ai travaillé en amont des courses pour définir la structure des repas et les recettes avec les chefs Elior. Puis, du 26 août au 20 septembre, j’étais disponible pour ce dossier prioritaire et j’ai pu rejoindre les coureurs sur deux étapes.

Milk & Move :

Que fallait-il prendre en compte durant l’épreuve Reine du cyclisme mondial ?

Véronique Mourier :

Le point principal est la condition de sportif de haut niveau pour qui les journées sont consacrées à la course. Il faut des repas aux horaires et structures totalement différents d’une alimentation classique. C’est tout un travail pour positionner l’énergie sur quatre repas clés : le petit-déjeuner, les « emballés » qui sont des préparations maison que les coureurs emportent dans leur poche dorsale et musette pendant la course, la collation de récupération juste après l’arrivée et le diner. En fait, ces coureurs ne déjeunent pas car ils courent ou se préparent à courir durant le temps de midi.

Tour de France 2020
Milk & Move :

Quels besoins ont les coureurs ? ?

Véronique Mourier :

Les besoins varient en fonction du nombre de kilomètres, des « heures de selle » (temps de course), et du profil de la course (vallonné, plat, montagneux…). La dépense ne va pas être la même car l’effort ne sera pas le même. On va jouer sur les grammages et la sélection des produits. Ce n’est pas linéaire entre un contre-la-montre, une étape de montagne ou un jour de repos. Une gestion est aussi assurée par coureur et au jour J.

“La variété est importante pour le plaisir de manger en évitant toute lassitude.”

Véronique Mourier Nutritionniste
Milk & Move :

Faut-il aussi responsabiliser le coureur, notamment en ce qui concerne les emballés ?

Véronique Mourier :

Oui, c’est lui qui gère son alimentation en fonction de la course et de ses besoins. On a une version « cake du sportif » sucrée avec fruits secs, poudre d’amande, lait entier, miel et aussi salée, où on peut remplacer les fruits secs par des olives vertes.

Tour de France 2020
Milk & Move :

Que mange un coureur, par repas ?

Véronique Mourier :

Il faut couvrir les besoins en protéines, en énergie, en calcium, en fibres... Des protéines pour reconstruire le muscle, des lipides de bonne qualité (graines, huiles), et des glucides. Pâtes et riz sont le socle de base des coureurs, mais on travaille aussi avec d’autres céréales : blé, épeautre, quinoa. La variété est importante pour le plaisir de manger en évitant toute lassitude. Au niveau des fibres, on va faire attention au confort digestif. Avec les cuisiniers, on a aussi travaillé sur le côté régional de la course, en revisitant certains plats régionaux comme la truffade à l’arrivée dans le Cantal. Grâce au fromage, on a pu avoir une grande variété en fonction des régions.

Milk & Move :

La collation est-elle le moment stratégique de la nutrition ?

Véronique Mourier :

Oui, c’est là que l’on va avoir une récupération optimale. Nous avons travaillé la recette et le grammage de chaque ingrédient. La collation conservée au frais dans le bus attend les coureurs à l’arrivée. On a apporté aussi des petites touches régionales, par exemple avec du roquefort lorsque l’étape était à Millau, ou des légumes du Sud quand ils étaient à Nice.

Équipe Véronique Mourier
Milk & Move :

Que boit un coureur durant la course ?

Véronique Mourier :

Les équipes Elior ne gèrent pas les boissons durant la course, c’est le rôle du staff de gérer l’eau et les boissons énergétiques. En revanche, au moment de la récupération on leur propose un smoothie.

Milk & Move :

Petit-déjeuner, emballé, collation, diner, il est hors de question qu’un coureur mange en dehors de ces rendez-vous ?

Véronique Mourier :

Non. Il est dans la course, a un programme très chargé, pas beaucoup de temps off, et ne mange pas en dehors de ces temps de repas.

“Les coureurs ne déjeunent pas car ils courent ou se préparent à courir durant le temps de midi.”

Véronique Mourier Nutritionniste

Tour de France 2020 : la journée alimentaire d’un coureur cycliste

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