Football : quelle place pour la nutrition chez les footballeurs et footballeuses ?

Publié le 06.03.2020 , mis à jour le 27.10.2022

Ancien sportif de haut niveau, Michel Martino est aujourd’hui diététicien-nutritionniste depuis 20 ans. Responsable du Groupe des Diététiciens Experts en Nutrition du Sportif de l’association française des diététiciens nutritionnistes , il est également investi dans le football professionnel depuis plusieurs années. Milk & Move a donc voulu en savoir plus sur la nutrition des footballeurs et footballeuses. Entretien.

Joueurs de foot

. © matimix

Michel Martino
Milk and Move :

Depuis combien de temps officiez-vous dans le football ?

Michel Martino :

Cela fait environ six ans que je travaille avec la Ligue 1. J’ai commencé avec l’Evian-Thonon-Gaillard, puis avec le Toulouse Football Club, et aujourd’hui avec l’Olympique Lyonnais et le Stade Malherbe de Caen. Je suis sur trois clubs, où j’interviens entre autres chez les professionnels. De temps en temps j’interviens dans les centres de formation, et actuellement chez certains jeunes de Lyon où deux diététiciennes collaborent avec moi.

Milk and Move :

Quelle place a la nutrition dans le football ?

Michel Martino :

Une grosse place ! Comme dans tous les sports la nutrition, l’entrainement et la récupération constituent les trois piliers de la performance. Ce n’est pas l’alimentation qui vous fera gagner mais elle peut toutefois être l’objet d’une contre-performance voire même d’une non-performance.

Milk and Move :

A quel rythme intervenez-vous ?

Michel Martino :

Tout dépend de l’enveloppe que le club désire consacrer à la mission. Généralement lorsque j’arrive dans un club, il y a un gros travail de fond à mettre en place qui va prendre plusieurs semaines à plusieurs mois. Il consiste en premier lieu à dresser le cahier des charges alimentaires de la mise au vert (isolement d’un groupe avant une compétition ou un match, ndlr) que ce soit en déplacement ou à domicile. Ce cahier des charges est destiné aux services de restauration des hôtels afin qu’ils respectent nos recommandations. En second lieu il y a le suivi individuel des joueurs. Cette prise en charge est très chronophage et nécessite une présence au club plusieurs jours par semaine, plusieurs fois par mois, ensuite les interventions s’espacent un peu plus. Le joueur recevra plusieurs plans alimentaires. Il faut environ une année pour éduquer une trentaine de joueurs.

Milk and Move :

Quelles sont les bases de ces plans alimentaires ?

Michel Martino :

Je me base essentiellement sur des référentiels scientifiques comme ceux issues de l’ANSES ou de l’American College of Sports Medicine. Je précise quand même que le plan alimentaire d’un sportif ou d’une sportive s’élabore sur les critères d’un individu lambda auquel on greffe des besoins supplémentaires liés à l’exercice et à la performance. Le premier que j’appelle le plan alimentaire d’entrainement est dédié à la couverture du volume des entraînements, le second correspond aux besoins pré-compétitifs (quelques jours avant le match) et le dernier équivaut au jour J qui fait partie du cahier des charges, de la mise au vert. Je vois les joueurs jusqu’à ce qu’ils maîtrisent toutes ces situations afin qu’ils optimisent leurs performances.

Milk and Move :

Dans le développement d’un(e) jeune sportif(ve), y a t-il un moment clé au niveau de la nutrition ?

Michel Martino :

Idéalement il faudrait pouvoir les formater dès le plus jeune âge, à leur entrée dans le centre de formation. Mais les clubs n’identifient pas forcément la priorité et n’ont pas toujours les moyens techniques de le mettre en place. Ce sont des choix. On va se cantonner à donner le meilleur pour les pros, mais on oublie que le pro a été jeune joueur, et que si on l’avait éduqué avant, sa prise en charge nutritionnelle individuelle à postériori serait plus simple. C’est toujours plus facile de modeler un jeune qu’un adulte !

Milk and Move :

Auriez-vous un bon conseil nutrition pour un jeune footballeur ou une jeune footballeuse ?

Michel Martino :

Veiller à avoir au minimum trois repas par jour en respectant l’équilibre alimentaire ainsi que sa diversité, ils trouveront toutes ces recommandations sur le site de l’ANSES. On peut citer par exemple d’apporter systématiquement aux repas du midi et du soir, des féculents (type pâtes, riz…), plus une protéine (viande, poisson, œuf), et des légumes (haricots verts, tomates…) ainsi qu’un produit laitier (fromage, yaourt…) et des fruits (banane, orange…). S’ils veulent davantage de précisions alors ils pourront se diriger vers un(e) ou diététicien(nne) de préférence spécialisés dans la nutrition du sportif.

Milk and Move :

Y a t-il une différence d’alimentation entre les jeunes footballeurs et les jeunes footballeuses ?

Michel Martino :

Sur les grammages par kilo de poids corporel, non, mais en termes de quantité oui. En fonction de leur âge, les filles n’ont pas le même gabarit que les garçons. C’est un peu comme si l’on compare les besoins énergétiques journaliers moyens de la population française homme et femme, ils sont respectivement à 2600 kcal et 2100 kcal. Ces différences sont en partie liées à plusieurs critères que sont le poids (notamment la masse musculaire), la taille et l’âge, à activité physique identique, ce qui se traduit par des rations énergétiques plus élevées chez les garçons.

Milk and Move :

Trouvez-vous que le suivi nutritionnel a plus d’impact sur une équipe féminine que sur une équipe masculine ?

Michel Martino :

Je pense que le but, au départ, n’est pas tout à fait le même, les filles associeront prioritairement le suivi nutritionnel à la gestion de leur poids et ensuite à la performance alors que ce sera l’inverse chez les garçons. Elles seront finalement peut-être, un peu plus à l’écoute. Néanmoins j’estime que sur une équipe masculine le degré d’observance des consignes alimentaires se situe entre 60% et 80%. Ce pourcentage est très dépendant de la dynamique du staff médicotechnique.

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