Publié le 23.01.2020 , mis à jour le 27.10.2022
Autres formes de nourriture, autres matières à manger, autres lieux de restauration, à autre année, autres tendances. 2020 sera bleu 19-4052, un « Classic Blue » reposant élu par le fabriquant de nuanciers Pantone, mais aussi moins sucré, connecté, japonais et fermenté. Plongée dans le grand bleu de l’année 20/20.
spiruline verte sur 3 cuillères. © Chanelle
A quoi reconnaît-on un pâtissier en 2020 ? C’est un geek du ghee, un accro à la coco, un fou de tofu, un gavé d’agave. Gourmande mais saine, généreuse mais peu sucrée, travaillée mais naturelle, la pâtisserie devient pure, sans sucre, sans additifs, colorée sans chimie. Elle est faite des meilleurs ingrédients les plus sains, de plantes, de sucres bruts, de couleurs végétales. Russie, Suède, Suisse, Ukraine émergent comme les nouvelles nations pâtissières.
Les vêtements, l’électroménager, les maisons sont désormais tous intelligents. Pourquoi pas la nourriture ? La super food débarque et les supers aliments deviennent superbement intelligents. Green mix, spiruline, klamath, acaï, plantes vertueuses ou comment avaler la beauté. Dans un repas type, on mangera la pomme de terre froide, un poisson, mais cru accompagné de banane, mais verte, et on terminera par un café, filtre bien sûr. On cherche les vertus alimentaires. Hier la carotte donnait les fesses roses, aujourd’hui, huile de coco, germe de blé, marc de café et amande font du bien au corps. Nutricosmétiques, apithérapie, nootropes (les smart drugs boostant les capacités cognitives), autant de termes barbares qui rendent l’homme parfait. Concept ultime de perfection : s’inscrire à un stage yogi food, car manger n’a jamais autant rimé avec bien aller.
A en croire le bestseller d’Hachette, en 2019, Elles cuisinent. En 2020, les femmes feront tout. Elles font l’andouille (charcuterie Payany 100% femmes à Marseille), elles s’en battent le steak (Marie Flore Keumegne reprenant la boucherie de son ex-patron YM Le Bourdonnec à Asnières), elles boulangent (Mamiche, Pain de la liberté), elles restaurent (comme à l’Agapé qui les met particulièrement en avant), plus que jamais les femmes sont la crème de la crème.
Moins de viande plus de plante. Zéro déchet à tous les étages, emballages sans plastique dans les frigos, viande sans viande dans nos assiettes. Charcuteries de la mer, faux KFC, Burger Blended Project, Impossible Whopper, 0 beef = (presque) 0 impact. On prône « l’environ mental ». L’avocat est en détresse, le foie gras a chaud aux fesses. Il faut revenir aux sources ; circuits courts, petits producteurs, artisans, un local vaut mieux que deux bio. La ville habite avec la nature, la ferme au milieu des HLM et le champ sur les toits. Alimentation clean & green, « Pour nourrir demain » (qui rassemble une 20aine d’entreprises), organic et bio cool.
France-Japon, une histoire de passion. Indémodable, pertinent, créatif, le Japonisme reste de rigueur. Shōchū et wagyu sont partout. Nous avons la passion ramen et la folie Itameshi (la cuisine qui mixe Italie et Japon), le saké nouveau (6 février) plus que le Beaujolais, lui concédons des concepts de stores (Takumi Flavours à la Maison du Japon), lui consacrons des expositions (Oki Sato au Bon Marché), invitons le nippon d’honneur (Cocktail Spirits).
Waxaddict tu seras ! Sucre coco, goyave, crevettes séchées, harissa, plantains et mafé passent le continent. Tandis que la déco ananas, palmiers et pastèques continue de sévir, que le couscous reste top 3 des plats français, poisson grillé simple et sain, farine de manioc no glu, frites de plantain déboulent en alternatives exotiques. Place à l’hibiscus.
Robots connectés, appli alimentaires, poissonneries et fromageries en ligne, plats commandés, cuisine clik & collect, take away téléphoné, yukaisation du shopping, 2020 mange 2.0. On nous promet même d’attentifs capteurs dentaires qui du fond de la mâchoire, nous préviendrons si ce que nous avalons est bon pour nous.
Buvons tranquille, gardons le spirit free. Les bars servent sans alcool, les mix n’enivrent plus, les spiritueux tombent à 0 degré. Du coup, le lait reste de la partie : milk punch et latte sont partout. Symptomatique de ce mindful drinking (boire moins mais mieux), le salon Cocktail Spirits fera en juin la part belle au sans alcool. Bref, on voit la vie en rose et le pink betteroot latte, (betterave, gingembre, lait, épices) pourrait bien supplanter tous les hashtags.
Lacto fermentation, kombucha, kefir, garum, kimchi, sriracha, miso, levain, lait ribot, la fermentation c’est la vie. Le 1er salon autour de la permaculture (Permae. 24.27 janv) lui consacrera sans doute quelques espaces.
Ensemble mais pas pareil. Food halls, food courts, food festivals, la nourriture est collective, festive et différentiente. Plus food que musique, les festivals de musique mettent le paquet sur une carte identitaire. Les cantines scolaires virent veggy et bio. Les chefs eux, cherchent des restaus différents. Pop Up – restaus temporaires – et ghost kitchens – cuisine sans salle, juste en take away – sont au rendez-vous.
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